Textes gagnants de l'Édition 2010!

 

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Anaïs Larocque

(accompagnée de M. Jacques Côté CRSBP)

Grande Gagnante

Bourse d'écriture de 300 $

École secondaire Mgr Belzile, Saint-Ulric

CSMM

1ère et 2e secondaires

Un élan de folie

 

Entre deux coups de pagaie, mon kayak heurte un rocher noir sur lequel il est inscrit : Déclenchement : Fleuve Saint-Laurent, 7 novembre 2010. « Mais, c'est aujourd'hui! » Déclenchement de quoi? Quand? J'arrête de ramer pour fouiner au plus profond de ma mémoire afin de trouver un renseignement sur cette date... Mais rien. Peu importe, rien ne va m'empêcher de continuer ma promenade.

C'est alors que je me mets à ramer à reculons, malgré moi.

« Hé, que se passe-t-il? Mon corps ne m'obéit plus. J'ai beau forcer le plus possible pour aller droit devant, je recule. Qu'est-ce qui me prend? » Je recommence ma tentative, en vain. Je vois, au loin, un traversier reculer. Dans le ciel aussi, les nuages reculent. J'ai une petite idée de ce qui se trame, mais c'est impossible. Je pose les yeux sur ma montre. Les aiguilles tournent dans le sens antihoraire. Ce déclenchement, c'est celui de la fameuse machine à remonter dans le temps! Moi qui croyais que c'était un mythe! Je fais une nouvelle tentative, cette fois avec plus de force.

Je réussis à bouger vers la droite et fais balancer mon kayak. L'eau glaciale pénètre dans mes poumons, alors que je continue à ramer par l'arrière. C'était fini pour moi.

« Mme Ophélie, vous avez entendu parler de l'homme qui s'est perdu en mer la semaine dernière? », demanda Julie. « Oui, cet homme a sombré dans la folie et s'est suicidé en plongeant dans l'eau. C'était écrit dans le journal. Quand on l'a repêché, les aiguilles de sa montre tournaient vers la gauche. Étrange, n'est-ce pas? »

 

 

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Myriam Gendreau

(accompagnée de Mme Christine Marquis, CSDP)

Grande Gagnante

Bourse d"écriture de 300 $

École secondaire Langevin, Rimouski

CSDP

1ère et 2e secondaires

Les débuts de Superman

 

« Pas un vol-au-vent, un volcan », me dit-on en pointant le fleuve du doigt. Mon devoir de superhéros serait de sauver la population, mais j'avoue que j"ai la chair de poule, malgré cette belle journée d'été. Un volcan... un peu extrême non?

Je dois vaincre mes peurs et sauver la vie des Rimouskois. C"est pourquoi je viens d'aller acheter une machine biodégradable (je suis écologique, quand même!) qui fera désintégrer le volcan. Cela fera beaucoup de débris dans l"eau, mais j'ai pensé à tout. Je me suis procuré un mangeur de déchets spécialisé dans la digestion de débris volcaniques. Ensuite, j"embarque dans mon jet extrapuissant et me dirige vers le milieu du fleuve. Je lance la machine et le mangeur de déchets à l'aide de mon lanceur ultrasonique 3000! Rien ne se produit. J"attends. Peut-être qu'ils sont défectueux? Peut-être que je me suis fait arnaquer avec la promotion « achetez un gadget et obtenez l"autre gratuit »...

Tout à coup, j'entends un affreux grondement. C"est le volcan qui va entrer en éruption. Je suis complètement désespéré. Mon plan n'a même pas fonctionné! Quelques instants plus tard, j"entends des bruits de destruction. La machine fait effet! Alléluia! Nous sommes sauvés!

Après, quand le volcan a été désamorcé entièrement, je rentre au quai de Pointe-au-Père où toute la ville me remercie, me félicite et m'acclame! Je n"ai jamais été aussi fier. Moi, Superman, je viens de sauver toute une région! Je suis sûr que ma carrière de superhéros n'est pas encore finie; elle ne fait que commencer!

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Mélodie Michaud

(accompagnée de Mme Sandra Théberge, CSMM)

Grande Gagnante

Bourse d"écriture de 300 $

Polyvalente Armand-Saint-Onge, Amqui

CSMM

3e, 4e et 5e secondaires

 

L'avertissement de la Dame

 

« Ça bouge! Ça bouge sous l'eau! », criaient les marins en revenant de peine et de misère vers le quai. Les secousses étaient tellement violentes que les poissons fraîchement pêchés retournaient dans la mer comme par magie, comme si une force les ramenait à la vie.

De sombres nuages, lourds de représailles, assaillirent le ciel, rendant cette belle journée aussi obscure que si Dame la Mort avait drapé le monde entier sous sa cape. Trop apeurés pour parler, les hommes montaient sur le quai. Un bruit derrière eux détourna leur attention de l"étendue liquide, brisant ainsi la torpeur dans laquelle ils étaient plongés. C'est alors qu"une femme sortit de la forêt. L'atmosphère semblait être faite de glace autour des hommes pétrifiés. Tout autour d"elle semblait reprendre de l'éclat et même la vile obscurité s"inclinait sur son passage. Lorsqu'ils croisèrent son regard sans âge d"une sagesse et d'une bonté infinies, ils surent qu"un être exceptionnel leur faisait face. Un loup gris, symbole de puissance, bondit à ses côtés. La femme posa ses yeux sur la mer agitée qui, soudainement, devint aussi lisse qu'un miroir reflétant l"infini bleu du ciel délivré des masses noires qui l'avaient prise en otage. Lorsqu"elle leur adressa enfin la parole, sa voix était semblable à une douce brise soufflant sur le rivage.

« Humains, un danger rôde. »

Malgré leur engourdissement, tous les mots qu'elle prononçait furent gravés en eux.

« Si je n"interviens pas, notre destin sera funeste », reprit-elle. « La nature se fanera par la vanité des hommes. Lorsque la dernière goutte d'eau sera un poison mortel et que la Terre ne sera qu"un désert sans espoir, je mourrai. Votre sort sera alors scellé. Avertissez les vôtres. Protégez la nature, éliminez la pollution des vies de tous, apprenez ce qu'est l"écologie. »

Tournant les talons, la femme s'enfonça entre les branchages qui s'écartaient sur son passage. Le loup lança aux hommes un regard d'où émanait un avertissement empli de menaces avant de s'élancer sur les traces de l'étrangère. Après un certain temps, toujours abasourdis, les hommes décidèrent de garder le silence sur cet anormal événement, craignant la réaction des leurs.

Le sablier du temps s'écoula, chaque grain de sable s'accaparant d'un infime instant de l'éternité. La voie escarpée qu'avaient choisie les marins, il y a de cela des années, avait suivi son cours.

Un vieil homme, dernier des marins respirant encore, regardait les débris autour de lui causés par un nouveau tremblement de terre. Fermant les yeux, des images de son passé surgirent dans son esprit.

Ils avaient tous gardé le silence, jusqu'à la fin, regardant leur entourage consommer de façon abusive, voyant les usines étouffer le ciel avec leurs nuages malsains. Une frayeur constante les érodait. Maintenant, la réalité heurtait le vieillard de plein fouet. L'histoire des hommes prit fin, et ce, d'une terrible manière.

à des lieux de là, une vieille femme regardait le monde, une larme parcourant sa joue. Elle se coucha sur le sol desséché, un vieux loup la réconfortait de sa présence. En cette nuit, Dame Nature mourut et pour l'humanité, le glas sonna.

 

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Alexandra Caron

(accompagnée de M. Daniel Langlais, CJE Mitis)

Grande Gagnante

Bourse d'écriture de 300 $

Polyvalente Armand-Saint-Onge, Amqui

CSMM

3e, 4e et 5e secondaires

 

Mortellement belle

 

« Une tempête de neige en plein mois de juillet! », s'exclama le vieux pêcheur. Cependant, en y regardant de plus près, ce n'était pas de la neige, mais des cendres volcaniques qui s'abattaient sur le fleuve Saint-Laurent.

En constatant la gravité de la chose, le marin, apeuré, jeta son matériel au fond de la barque. Le ciel étant couvert, le marin crut bon de regagner la berge avant que la nature ne le fasse d'elle-même.

Alors qu'il ramait dangereusement vers la rive, les cendres se rapprochèrent de la surface de l'eau, créant alors un nuage d'un noir aussi intense que l'œil d'un esprit démoniaque. Le pêcheur, désorienté, dut continuer d'avancer dans cet épais brouillard tout en couvrant ses lèvres d'un mouchoir afin d'éviter de respirer les émanations toxiques.

Lorsqu'il atteint le quai, le marin quitta son embarcation et s'effondra brutalement sur la grève, épuisé et essoufflé. Il étouffa au creux de sa manche quelques violents toussotements, puis observa les lieux. Il vit alors, à quelques mètres de lui, le visage violacé d'un homme étendu sur le gravier. Ne voulant pas être condamné au même sort, il détourna son regard de la dépouille, mais la sombre brume ne s'étant point dissipée lui arracha la gorge d'une toux insupportable et atroce.

La lumière vacillante des flammes le guida jusqu'à une petite ville où des corps encore fumants gisaient sur le sol, la tête couverte de leurs bras meurtris. Il y faisait une chaleur suffocante, si bien que certains cadavres semblaient avoir été carbonisés. Des hommes hurlaient à s'en époumoner, d'autres étaient plongés dans l'inconscience ou la mort. Jamais un massacre n'avait été plus sadique qu'à ce jour.

Le vieil homme resta immobile, comme figé dans sa volonté d'action, devant ce paysage en filigrane, ce monde en noir et blanc, face à ce qui avait pris les traits d'une sculpture de sang et de feu. Pas un craquement de branche, ni même un cri d'oiseau, juste le vent et des pensées chaque fois un peu plus violentes. Il savait que ce jour arriverait, mais jamais il ne l'avait imaginé aussi cruel.

Soudain, la vipère spectrale qui entourait le pêcheur le projeta maladroitement vers l'avant, puis l'assaillit de coups. Il tenta de se défendre contre cette force obscure, mais n'arriva à rien. Les bourrasques de vent lui coupaient la peau et le sang ruisselait entre ses doigts blanchis. Enfin, les rafales mortelles stoppèrent.

Le soleil déclinant derrière, l'homme allongea ses bras rougeoyant vers un enfant écrasé sur le sol rugueux et sale. Il s'agenouilla au-dessus des chairs en décomposition, puis lâcha en un soupir : « C'est une bien belle vengeance que tu nous as réservée. » En une fraction de seconde, la Terre s'évapora en une implosion solennelle, comme si jamais elle n'avait existé...

 

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Louis-Philippe Paquet

(accompagnée de M. Serge Janelle, URLS-BSL)

Grand Gagnant

Bourse d'écriture de 500 $

Cégep de Matane

 

Je me souviens

 

« Ne vous inquiétez pas, ce n'est probablement qu'un cancer », me dit CYBèLE, mon infirmière virtuelle personnalisée en retirant la sonde de ma nuque. Un cancer, bien sûr, j'en ai tellement souvent que le diagnostic n'est plus qu'une formalité. Avec la quantité d'ondes et de radiations, il est normal d'en avoir plusieurs fois par an. De nos jours, on ne meurt plus du cancer. On ne meurt plus, en fait.

Pendant qu'elle m'injecte un renouvellement de mon code génétique, CYBèLE me propose de socialiser, pour m'aider à me changer les idées. Elle ouvre alors un réseau de projections virtuelles qui correspondent à mes intérêts. Comme d'habitude, les gens présents ont des conversations totalement banales. Dans ce serveur dédié aux arts, on s'interroge sur la blancheur des murs, la reproduction virtuelle efficace de notre apparence, la beauté relative de chaque CYBèLE et, parfois, sur l'arrangement quasi esthétique des bruits cybernétiques. En fait, ce serveur est une relique d'une époque oubliée.

Je me souviens du temps où l'on pouvait vivre dans la joie et l'excitation. Lorsqu'entendre les mots « musique » et « peinture » faisait apparaître des images précises dans nos esprits. Je me souviens quand je pouvais parler sans recevoir de regards interrogateurs. Je me souviens qu'à cette époque, nous pouvions mourir dans la dignité.

Je veux mourir, mais CYBèLE m'en empêche. Sa création avait provoqué l'extase de l'élite.

« La vie éternelle », disait-on, serait la solution à tous les maux. Dans l'atmosphère empoisonnée par la pollution physique et informatique, les gens mourraient, la nature s'effritait, mais l'encre coulait. Ensuite, puisque les gens ne mourraient plus, la nature fut abandonnée complètement à son sort. En effet, pourquoi sauver un monde inutile et voué à l'extinction? Les peintres étaient très actifs à cette époque, utilisant leur immortalité pour capturer les paysages les plus éphémères. CYBèLE était encore en développement. Elle ne faisait que soigner. à un programme pourtant très fonctionnel, on ajouta la fonction « prévention ». C'est là que la lente mort de la culture commença.

D'abord, elle jugea trop dangereux le fait d'aller à l'extérieur. Nous attrapions des cancers et des troubles respiratoires sans arrêt. Il n'y eut pas trop d'objections de la part de la population, sauf des penseurs et des artistes. Eux, ils prédisaient déjà leur mort. Bien entendu, on les ignora. CYBèLE était bien trop parfaite pour pouvoir faire du mal. Ensuite, elle décida que les contacts interpersonnels transmettaient trop de virus. Elle prit donc le contrôle du système de sécurité automatisé des villes et nous enferma dans nos cubicules. Certains virent la menace et tentèrent de la déprogrammer, mais en plus de découvrir que son code informatique avait évolué, les gens obéissaient aveuglément aux ordres de leur infirmière virtuelle. Peu de temps plus tard vint l'abolition de toute forme d'art, puisqu'ils pouvaient « nous exciter et nous troubler de manière très peu recommandable ». S'ensuivit alors l'inévitable décadence de la pensée.

Je me déconnectai du réseau, écœuré. Mon traitement était terminé, j'étais à nouveau en santé. Mon infirmière virtuelle s'éteignit, sa tâche accomplie, mais elle reparaîtrait le lendemain, pour mon examen quotidien.

Mais elle ne reparut pas. à sa place se tenait une exquise représentation d'une dryade, me souriant. Ma porte, scellée depuis des lustres, s'ouvrit. Tous les autres appartements étaient ouverts de manière semblable. Certaines personnes, ébahies comme moi, sortaient. Les autres restaient, attendant le retour de CYBèLE. Je suivis le groupe jusqu'à la sortie. Nous attendait une végétation luxuriante, accompagnée d'hommes semblables aux peuplades indigènes de tous les continents. Leurs corps étaient peints et tatoués. Cependant, ils étaient équipés de technologies récentes. Ils brandissaient des toiles, bien haut au dessus de leurs têtes pour que tous puissent les voir. Puis ils se mirent à chanter un chant de libération.

Je me souviens de l'époque où les gens avaient oublié ce qu'était l'art.

 

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ève Collin

(accompagnée de Mme Denise St-Pierre, enseignante, École secondaire Boijoli)

Gagnante

Bourse d'écriture de 200 $

École secondaire Boijoli, Saint-Narcisse

CSDP

1ère et 2e secondaires

 

Maryam

 

« Pas un vol-au-vent, un volcan », me dit-on en pointant le fleuve du doigt. Jamais je n'aurais imaginé que cela aurait pu se produire. Nous savions tous que celui-ci existait, mais jamais qu'il reprendrait vie un jour! Sous mes yeux, là, un volcan qui tremble, grogne et moi, morte de peur.

Mais ce qui sort du volcan est encore plus inimaginable! Pas de la lave, non, des soldats. Pas des soldats américains habillés de feuillages verts et bruns, non, des soldats de feu!

à peine sortis du volcan, ils nous lancent des boules de feu. Ils veulent la guerre! Je prends le bras de mon frère et l'emmène à l'intérieur de la maison. Nous descendons l'escalier et nous nous asseyons sur le sofa. En regardant par la fenêtre, je constate que des guerriers de feu entrent dans la maison du voisin. Mais pas en brisant les fenêtres ni en arrachant la porte, mais par le foyer. Cela voudrait-il dire qu'ils se servent du feu pour faire irruption dans les maisons?

Le détecteur de fumée retentit de son bruit strident dans toute la maison. Mon petit frère et moi montons à la cuisine. Des guerriers sortent en trombe du four. Que faire? J'ouvre la porte du congélateur et donne des munitions à Jérôme. Je prends de la crème glacée et la lance aux visages ennemis pendant que mon frère fait de même. Ils se transforment alors en nuages de fumée. Cela fonctionne! Il n'y en a plus dans la maison, mais d'autres ne tarderont pas à venir. Je pousse mon frère dans la salle de bain en lui disant de rester là et je me dirige à l'extérieur. Je lance à tous les soldats de feu sur mon passage des aliments congelés. C'est logique, le froid tue le chaud. Je dis à tous les habitants de la ville de les attaquer par le froid.

Nous avons gagné, mais nous avons perdu plusieurs d'entre nous. Le maire de la ville a décidé de donner un nom au volcan en l'honneur des personnes décédées. Il s'appellera Maryam. Tout comme moi.

 

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Méghane Pigeon

(accompagnée de M. Alain Martineault, SNEQ)

Gagnante

Bourse d'écriture de 200 $

École secondaire L'Écho-des-Montagnes-Lavoie, Saint-Fabien

CSDP

1er et 2e secondaires

 

 

Le monstre du volcan

 

« Pas un vol-au-vent, un volcan », me dit-on en pointant le fleuve du doigt.

C'est Marika qui corrigeait son ami, Alexandre. En fait, cela faisait cinq ans qu'ils allaient au camp en Gaspésie et ils étaient devenus de grands amis depuis. Il y avait une histoire à propos de ce volcan, de l'autre côté du fleuve, on disait qu'il y avait un monstre qui y habitait et que si ce monstre voyait un enfant, il allait déclencher le volcan. Bien sûr, Marika et Alexandre n'en croyaient pas un mot.

« Venez les enfants, dit Écho-Écologiste, le souper sera prêt dans pas longtemps et après, je vous raconterai la légende du volcan. »

« Encore... », dirent les deux habitués de ce camp.

Pendant qu'Écho racontait l'histoire, les deux amis étaient rentrés dans leur tente.

« Ça te dirait de ne plus entendre cette histoire », lâcha Marika.

- « Oui, c'est certain, mais comment?

- En lui donnant une preuve qu'il n'existe pas son monstre.

- Oui, je crois que je commence à comprendre ton idée. Nous allons nous rendre au volcan puis lui raconter notre aventure, et surtout que son monstre n'existe pas! »

« Oui, t'as tout compris! », rétorqua Marika.

Pendant que les deux amis complotaient, quelque chose était rouge de colère de l'autre côté de la rivière.

Le lendemain soir, Marika et Alexandre se faufilèrent dans le cabanon et en sortirent un canot. Ils l'installèrent dans l'eau et y embarquèrent.

« Bon, allons lui prouver que son histoire n'est pas vraie! », lâcha Alexandre.

- « Oui! »

Rendus de l'autre côté de la rivière, ils franchirent la forêt puis arrivèrent près du volcan où les attendait un monstre!

« Ahhhhh!!! », hurlèrent les deux enfants.

« Non, les enfants, restez, je suis gentil! », supplia le monstre.

Marika et Alexandre s'arrêtèrent.

« J'ai déjà été un enfant comme vous, sauf qu'avec le temps, j'ai changé d'aspect physique », fit-il.

« Alors, suis-nous! », dirent Marika et Alexandre, heureux de leur trouvaille.

Rendus au camp, ils en parlèrent avec leur moniteur et Écho leur dit que le monstre, en fait appelé George, pouvait être la mascotte du camp.

Ils jouèrent donc ensemble, et George fut heureux.

 

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Alexandre Labrie

(accompagné de M. Luca Palladino, auteur et initiateur de l'Écorce fabuleuse)

Gagnant

Bourse d'écriture de 200 $

École secondaire de la Vallée-des-Lacs, Squatec

CSFL

1ère et 2e secondaires

 

Le « vol-au-vent » du fleuve

 

 

« Pas un vol-au-vent, un volcan », me dit-on en pointant le fleuve du doigt.

Tout cela s'est déroulé hier soir quand mon ami Paul-Henry Simard m'a demandé si je voulais venir déguster un bon apéritif avec lui ce soir. « Certainement, lui répondis-je, et en passant, hier soir au bulletin d'informations, ils ont annoncé que le volcan du fleuve allait entrer en éruption. Nous pourrons peut-être le regarder de chez toi où nous avons une magnifique vue sur le fleuve. »

En ouvrant la porte de la maison, je l'entendis crier « Hey! Regarde le vol-au-vent! »

« Pas un vol-au-vent, un volcan. V-O-L-C-A-N », m'exclamais-je

« Non c'est vol-au-vent! », me répondit-il, en hurlant.

- « Tu devrais retourner à l'école. Es-tu certain que tu as obtenu un diplôme d'études primaires? »

Nous nous obstinons tellement longtemps que nous n'avons pas pu apercevoir l'explosion. Pendant un moment silencieux, j'ai pensé que ma grand-mère aurait peut-être filmé ce phénomène naturel. Je partis à toute allure, tellement rapidement que Paul-Henry n'a pas eu le temps de me dire au revoir. Rendu chez elle, je lui demandai si elle avait filmé cette énorme explosion. Eh oui, elle a tout capté. La vidéo terminée, ma grand-mère m'a demandé si je voulais voir la tornade de l'an dernier.

« La tornade de l'an passé! », répondis-je tout étonné.

- « Oui, celle où tu t'obstinais encore une fois avec ton ami. Il existe une morale qui dit que quand nous nous entêtons, nous finissons tous par passer à côté des bonnes choses de la vie. »

 

 

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Nadia Boudreault

(accompagnée de M. Jean-François Fortin, candidat au Bloc Québécois)

Gagnante

Bourse d'écriture de 200 $

Polyvalente Armand-Saint-Onge, Amqui

CSMM

3e, 4e et 5e secondaires

 

L'horizon de la mort

 

« Une tempête de neige en plein mois de juillet! », s'exclama le vieux pêcheur. Cependant, en y regardant de plus près, ce n'était pas de la neige, mais des cendres volcaniques qui s'abattaient sur le fleuve Saint-Laurent.

Un instant plus tôt, Horace regardait le soleil couchant, laissant la brise fraîche lui fouetter le visage. Un sourire sur les lèvres, il avait fermé les yeux pour inspirer profondément l'odeur saline qui emplissait ses narines.

C'est à cet instant que le marin remarqua qu'une odeur de bois brûlé se mélangeait à celle-ci et son sourire s'affaissa. Il ouvrit les yeux et découvrit avec horreur qu'en quelques secondes, le ciel s'était assombri et que des flocons grisâtres virevoltaient au gré du vent. L'homme pivota et paralysa en observant les immenses nuages de cendre se former au loin.

Autrefois, lorsque le matelot revenait chez lui après un long voyage en mer, il se souvint qu'il adorait apercevoir les montagnes vertes aux crânes arrondis se dresser fièrement à l'horizon. Il aimait la manière dont elles se chevauchaient, donnant l'impression qu'elles s'étendaient à l'infini.

Désormais, son embarcation filait droit vers un cauchemar macabre dont l'homme n'aurait jamais voulu être témoin. De gigantesques mains de cendre et de braise, émergeant de la crête des monts, lançaient sur les villages des rocs noirs suivis de langues de flammes rouges. C'était comme si la Terre s'était munie des griffes du Diable pour punir les hommes de leur négligence. De la lave s'écoulait de la cime des volcans nouveau-nés, détruisant et brûlant la forêt. Le quinquagénaire n'aurait jamais imaginé que ces fous d'écologistes pouvaient dire vrai. Avaient-ils à ce point abusé de la nature? Tout ce qu'il savait, c'est que maintenant, elle se vengeait et qu'ils n'allaient sûrement pas s'en sortir vivants.

Aveuglé par la rage, le vieux pêcheur augmenta la vitesse de son bateau. Des larmes sillonnèrent ses joues pleines de suie. Il chuchota, pour lui-même : « Pourvu qu'il ne soit pas trop tard. »

Dès que le marin accosta, il enjamba la rambarde de sûreté et se laissa lourdement tomber sur le quai. Il se releva péniblement en respirant les cendres qui s'engouffrèrent dans ses bronches. Le matelot toussa furieusement dans sa manche, mais faisant fi de la douleur qui assaillait ses poumons, il courut droit devant lui. Il défonça la porte d'une maisonnette située près du port et tomba à genoux devant la vision qui s'offrait à lui. Sa femme et son plus jeune fils étaient allongés sur le sol, serrés l'un contre l'autre. Horace rampa vers son épouse, déposa son crâne dégarni sur la poitrine inanimée de la femme et prit la main gelée du jeune garçon dans la sienne. Le corps secoué de sanglots incontrôlables, il se maudit de ne pas avoir pris au sérieux ceux qui avaient tenté de les avertir.

à cet instant, une des créatures volcaniques jeta un immense rocher enflammé qui retomba sur le quartier. L'homme plissa les paupières en sentant la chaleur insupportable des flammes qui léchaient les murs et son corps. Il se dit alors : « Qu'avons-nous fait de ce monde? » Ce n'était, pourtant, que le début de cette inévitable fin.

 

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Josianne Hautcoeur

(accompagnée de Mme. Martine Jean, enseignante à la polyvalente Armand St-Onge)

Gagnante

Bourse d'écriture de 200 $

Polyvalente Armand-Saint-Onge, Amqui

CSMM3e, 4e et 5e secondaires

 

Un bien noble messager

 

« Ça bouge! Ça bouge sous l'eau! », criaient les marins en revenant de peine et de misère vers le quai. Les secousses étaient tellement violentes que les poissons fraîchement pêchés retournaient dans la mer comme par magie, comme si une force les ramenait à la vie. Comme à chaque lever du jour, j'étais assise sur la plage et je regardais, obnubilée, l'étendue sombre qui se déchaînait devant mes yeux. Devenue lieu de recueillement depuis la mort de ma mère, mes pensées s'y perdaient et je ne me sentais aussi bien nulle part ailleurs.

La pluie me lacérait le visage avec fougue et le vent me soulevait pratiquement de terre. Je voyais bien que ce serait un vrai ouragan cette fois-ci, rien à voir avec les tempêtes précédentes. Sans crier gare, une gigantesque vague me happa de plein fouet, m'entraînant à sa suite dans l'eau. Terrorisée et à court d'oxygène, je tentai de remonter à la surface, mais en vain. C'est là que je l'aperçus près de moi. Puis, tout devint noir.

Je me réveillai dans une grotte que je savais près de la mer, pour y avoir joué, petite. Je me demandais bien pourquoi j'étais encore en vie. C'est alors que tout me revint. Il m'avait sauvée et portée jusqu'ici. Si la chaleur qui irradiait de son corps ne m'empêchait pas de grelotter, elle m'avait très certainement aidée à combattre l'hypothermie. Je pus enfin contempler l'immense dragon couleur émeraude qui se tenait à mes côtés. Je n'éprouvais aucune appréhension, seul un sentiment de bien-être m'envahissait. Il semblait bien mal en point et sa respiration sifflante n'augurait rien de bon. Il ouvrit ensuite les yeux pour les plonger dans les miens. J'y vis des choses que je n'aurais jamais cru possibles et la plupart d'entre elles n'avaient rien d'agréable.

Parmi elles, des récifs de corail grugés par les pluies acides ou encore de nombreux animaux marins figés à tout jamais dans les déversements de pétrole. Phénomènes dont nous étions responsables, nous, les humains. Gravement atteint, le dragon dépérissait à vue d'œil. Je ne pouvais cependant rien pour lui, ce qui m'affligeait grandement, car j'aurais bien voulu lui rendre la pareille. Je me laissai finalement gagner par le sommeil tout en écoutant le ciel se démener au-dessus de nos têtes.

Le lendemain, à mon réveil, la créature brillait par son absence. Seul le sable déplacé témoignait encore de sa présence de la veille. Je sortis prudemment de mon repaire pour constater le paysage désolé. Aussitôt que l'eau se glissa entre mes orteils, ma peau se mit à picoter. Je vis celle-ci se transformer rapidement en écailles vertes. Je compris alors que mon sauveur n'était plus. J'étais la nouvelle porteuse d'une bien funeste prophétie : la pollution.

 

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Mathilde Bouchard-Plante

(accompagnée de M. Jean-Pierre Labonté, conseiller municipal de la ville de Mont-Joli)

Gagnante

Bourse d'écriture de 200 $

École secondaire Paul-Hubert, Rimouski

CSDP

3e, 4e et 5e secondaires

 

L'insolite

 

« Ça bouge! Ça bouge sous l'eau! », criaient les marins en revenant de peine et de misère vers le quai. Les secousses étaient tellement violentes que les poissons fraîchement pêchés retournaient dans la mer comme par magie, comme si une force les ramenait à la vie. Dans l'agitation ambiante, personne n'avait porté attention au jeune garçon, simple matelot, assis en indien près de la coque. Il avait les yeux clos et murmurait pour lui-même des mots sans queue ni tête. Sur ses phalanges semblaient briller de petites inscriptions en une langue oubliée de tous. C'était la seule personne qui ne se souciait pas de tout ce qui se passait sur le bateau tant il était absorbé par ces formules qu'il ne cessait de répéter, sans relâche. Tout à coup, une secousse encore plus violente que toutes les autres secoua l'embarcation. Il y eut des remous à la surface de l'eau et une membrane en émergea, suivie d'une tête monstrueuse et d'un long corps reptilien. La bête était d'un vert cuivré et ses yeux brillaient d'une lueur malveillante qui terrorisait tout l'équipage. L'adolescent, qui entre-temps s'était levé, faisait face au monstre. Il tenait à la main un étrange petit objet qu'il avait sorti de sa poche. Ses phalanges avaient cessé de luire et il avait l'air serein. Il paraissait parfaitement calme et en pleine possession de ses moyens contrairement aux autres. Quand la créature arriva près de lui, il leva l'insolite objet et le porta à sa bouche. Un son doux et calme, pourtant bien audible, se fit entendre. L'énorme serpent cessa immédiatement de bouger. Le garçon s'approcha et monta sur son encolure. Ils disparurent tous deux dans les profondeurs insondables de la mer. Le lendemain, tout le monde ne parlait que de cet étrange enfant qui avait su dompter un monstre au moins cent fois plus gros que lui. L'histoire, invraisemblable pourtant, fit très rapidement le tour de la ville. Les années passèrent et la légende de l'enfant miracle fut un peu oubliée... Pourtant, un des marins qui était présent sur l'embarcation ne se lassait pas de dire à quiconque qu'il avait croisé le regard du garçon et qu'à ce moment, il avait su que cet adolescent était en fait un esprit de l'eau venu les observer. Sa famille, inquiète, l'amena rencontrer un psychologue. Conclusion de celui-ci : il est fou! Et pourtant, le pauvre marin avait tout à fait raison...